Nicole Esquieu, qui a assisté à tous les Ateliers de préparation à la lecture animés par Alain Simon, nous propose un résumé de ce qui s'y est passé :
Troisième atelier public au Théâtre des Ateliers / le passage de relais
Cet atelier est consacré au passage du relais entre deux
lecteurs, et aux problèmes qui se posent. L’essentiel étant de maintenir
le flux de la parole, il ne faut pas de chute dans le moment de la
lecture, et celui qui arrive doit créer la dynamique de celui qui s’en
va. « On ne renonce jamais à rien, on substitue une chose à une
autre » rappelle Alain Simon. Il faut que celui qui se prépare à prendre
le relais écoute bien celui qui le précède, de façon à ne pas fusionner
en rythme et en hauteur de voix, car il faut à tout prix éviter la
fusion qui aplatit la lecture. C’est au contraire la différence
entre les lecteurs, leur voix, leur personnalité qui en fera toute la richesse. Il
faut aussi que celui qui s’en va garde son énergie jusqu'au bout, qu’il
ne manifeste pas qu’il en a fini avec son texte.
Quatrième atelier public au Théâtre des Ateliers / présence des musiciens
A cet atelier sont présents les trois musiciens qui soutiendront toute la nuit la lecture : Jean-Luc Anton, saxophone, Christophe Paturet, piano et Daniele Schön, violoncelle. D’emblée Alain Simon prévient : la musique est là pour donner un flux et soutenir la lecture. Le lecteur doit rester intègre dans son univers, ne pas se laisser perturber par les incidents extérieurs : mobylette,cris de fêtards etc, ni par la musique qui est une perturbation positive. La musique est pour celui qui écoute. Il y aura toujours sur place une adaptation du son pour que la voix reste présente par rapport aux instruments. La musique va donner un flux qui va permettre que les enchaînements ne soient pas un arrêt.
Recommandation : Le lecteur ne doit pas se laisser prendre par le rythme de la musique mais travailler son propre univers.
Au cours de l’atelier, on travaille également le passage de relais. A ceux qui se reprennent, Alain Simon dit "jamais pardon", si on se trompe, ce n’est pas grave, il faut continuer. "Jamais pardon, sauf si c’est dans le texte !"; Il recommande aussi de ne pas faire de variations. Le premier, mot que l’on dit doit être notre programme, ce qui n’empêche pas d’être vivant à l’intérieur. Et surtout ne pas baisser la voix en fin de phrase ou en fin de texte, laisser ouvert.
Cinquième et dernier atelier public au Théâtre des Ateliers avant la générale du 2 mai
Les musiciens ne sont pas là, mais ils ont été
enregistrés la dernière fois, et l’on travaille avec l’enregistrement.
Alain Simon rassure, le 3 mai, un technicien du son fera en sorte que la voix
du lecteur ne soit pas couverte par la musique en amplifiant le micro et en
l’adaptant au lecteur.
On travaille sur le différentiel qui est très
important : pour éviter la monotonie et l’ennui, il faut démarrer
différemment de celui qui termine, ne pas rentrer dans son rythme ni son
timbre. Il faut éviter aussi de faire trop d’intervalles, qui posent problèmes,
et ne pas construire son élocution sur sa respiration, il faut aller au bout de
sa phrase, et aussi être convaincu de ce que l’on dit.
Alain Simon aborde le problème des noms propres de
ces grecs qui ne nous sont pas familiers : « Euriloque, Lampétie,
Phaétouse, Périmède, Scylla, Tirésias, Eumée ».. Ne pas les
passer à la trappe, les dire comme si on les connaissait, ralentir pour bien
les prononcer : la force de la diction les rend vivants. De même quand ils
sont accompagnés d’un épithète -Ulysse, l’Endurant,- le
faire ressortir pour le faire exister.
Ensuite, Alain Simon propose des exercices de
topographie : pour donner aux mots leur propre son, il faut les
replacer dans un espace. Montrer. Faire bouger son corps, même
subtilement : donner et prendre ne se disent pas pareil. Hisser une voile et
mouiller une ancre, ce n’est pas la même chose. S’essayer à dire le texte en
désignant du bras, de la main, de l’épaule, les lieux, les parties du corps
dont on parle. Donner une couleur différente dans les énumérations : un char et
des mules n’ont pas la même vitalité, l’un est un objet, les autres sont
vivants.
Une harangue, un discours sur l’agora : si on met en place
une couleur, et il lui faut la garder suffisamment longtemps, ne pas
l’abandonner. Penser à un discours d’homme politique, à qui il s’adresse dans
la salle et pas de la même manière pour tout le monde, et continuer jusqu’au
bout sans laisser retomber l’énergie.
En fin d’atelier, avant de se séparer jusqu’au 2 mai, la
veille de l’événement, Alain Simon redit que chacun a son texte comme un petit
champs à labourer. Il y a infiniment d’informations à gérer, le rythme, le ton,
l’énergie, dire les noms propres. Il conseille de souligner sur le texte les
mots importants, de calibrer les groupes de mots, d’assumer les noms propres et
les faire exister…
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