Alain Simon redonne les clefs pour effectuer la lecture :
Le passage de relais
Celui
qui lit doit rester tonique jusqu'au bout, ne pas laisser croire qu'il
va s'arrêter, ne surtout pas terminer en baissant la voix. Celui qui
prend le relais doit être déjà à côté de lui pour les quatre ou cinq
derniers vers, dans une attitude d'écoute de ce qui est dit, et rentrer
tout de suite dans la lecture, en vitalité, sans s'ajuster. Celui qui
part peut rester quelques secondes à écouter avant de repartir, toujours
dans l'écoute...
Les noms difficiles
Ralentir sur les noms difficiles,
bien les prononcer pour être crédible, profiter de toutes les aspérités
: " le tronc droit", "les affreux fauves", comme pour les noms
propres, les mettre en valeur par bref silence. Dans une énumération de
noms, les individualiser.
Le rythme
Faire varier le rythme de la phrase,
ne pas instaurer un système respiratoire et rester coincé dans des
intervalles semblables, le sens implique quelquefois des phrases longues
qui obligent même à aller au bout de son souffle. Il faut trouver la
rythmique de ce que l'on dit en imaginant ce qui est écrit. L'oral doit
restituer la temporalité et la topographie de la chose. Attention,
quand on passe de la narration au dialogue, le rythme doit changer !
Le sens
- "Le sens, le sens, le sens !" - "La sensation, la sensation, la sensation !"
Ne pas se laisser avoir par la petite musique du texte, mais en trouver
le sens, le déplier pour celui qui écoute, avoir le souci d'être
compris. Faire sentir les différences d'atmosphère : dans une même
phrase, il y a des chevaux fringants et du pain qu'on dépose dans le
char. Il y a le vivant et l'objet, cela doit se ressentir dans la voix.
De même, "il fit claquer son fouet" doit être prononcé avec une énergie
qui éclaire ce qui précède et ce qui suit. Attention à ne pas renforcer
les adjectifs avant le nom, c'est le nom qui importe. Ne pas accélérer
les subordonnées. Tout ce qui est apposition, épithétique, doit être mis
en valeur au service du sens : "ses truies que je garde", "un de ses fins ouvrages tels qu'en font les déesses".
On
a droit au contresens, mais on n'a pas droit à la neutralité. Même,
comme le dit Brecht, le narrateur-lecteur peut avoir un point de vue
moral sur ce qu'il dit.
Et enfin
Il ne faut pas avoir honte des moments poétiques, mais profiter de l'aurore au doigts roses, et de la brume du soir qui envahit dans les ruelles...
Enfin s'il ne peut pas avoir de silence entre deux lecteurs, il peut avoir des silences à l'intérieur des textes !
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