Dans la postface de sa traduction de l’Odyssée*, Philippe Jaccottet expose le contexte de diffusion des œuvres d'Homère.
Homère lui-même nous dit comment l’épopée
allait de son auteur à son public. Un chanteur, un aède, était attaché à la
maison des seigneurs. Le banquet terminé, on le faisait parfois venir au milieu
des convives et on lui demandait de chanter tel épisode de grande légende
antique ou de l’histoire contemporaine. L’aède psalmodiait probablement en
s’accompagnant d’un instrument à cordes, lyre ou cithare.
On sait également par Platon que les poèmes
d’Homère, de son temps, étaient non plus chantés ou psalmodiés par des aèdes,
mais déclamés par des rhapsodes, avec toutes les ressources de l’art de la
diction ; dans un de ses dialogues, il a mis en scène un de ces jeunes
déclamateurs, qui déclare notamment à Socrate : ‘Pour moi, quand je
débite quelque passage pathétique, mes yeux s’emplissent de larmes ; si
c’est un endroit effrayant ou étrange, d’effroi mes cheveux se lèvent tout
droits et mon cœur se met à battre’.
L’épopée n’était plus alors le privilège des
seigneurs, mais l’ornement des grandes cérémonies publiques. Et voici une
première certitude : que la poésie épique fut d’abord, comme partout
d’ailleurs, une poésie orale.
Philippe Jaccottet conclut un peu
plus loin :
Il faut
écouter, plutôt que lire, ainsi qu’on le faisait aux origines de l’épopée. Par
la lecture à haute voix, le texte retrouve sa lenteur nécessaire, son mouvement,
quelque chose de sa résonance.
Je suis
convaincu que l’on peut lire l’Odyssée tout entière sans le secours d’aucune
note et sans rien savoir de l’épopée que ce que je viens d’en dire. Rien n’est
plus simple que cette fable du soldat que sépare du retour, et de sa femme, la
volonté hostile des dieux.
* L’Odyssée d'Homère, traduction de Philippe Jaccottet, Éditions La Découverte/Poche, 2004.
* L’Odyssée d'Homère, traduction de Philippe Jaccottet, Éditions La Découverte/Poche, 2004.
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